Le féminisme en quête de validation par les hommes

28 Février 2020 , Rédigé par Anado Publié dans #féminisme, #feminist, #radfem, #radicale, #vision, #réalité, #reality, #femme, #patriarcat, #engagement, #combat, #luttes, #feminin, #défendre, #intérêt, #hommes, #sexisme, #changement, #comprendre, #solutions, #exemples, #direction, #changer, #excision, #droits, #sujets, #prostitution, #islamophobie, #racisme, #France, #Discrimination, #déno, #exploitation, #précarité, #travail, #famille, #parents, #réflexion, #viols, #sexualité, #sécurité, #danger, #pouvoirpatriarcal, #masculin, #identité, #choix, #action, #FemmeRadicale, #revendications

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Comme tout ce que font les femmes en patriarcat doit être validé par les hommes, le féminisme doit l‘être aussi.

Le féminisme, par essence la défense des intérêts des femmes, la lutte contre tout ce qui porte atteinte à l‘intégrité psychique et physique des femmes doit être validé par les hommes, sous peine de ne plus pouvoir exister.

Disons le tout de go: les féministes mènent, de l‘avis des hommes, de mauvais combats, peu importe ce à quoi elles s‘attaquent. Toutes les luttes féministes souffrent donc d‘un déficit de légitimité auprés des hommes, depuis toujours.

Si nous nous battons pour des modes de garde d‘enfant accessibles ou des aires de jeu dans nos quartiers, nous menons des micro-luttes qui ne changent rien au sexisme de la société. Si nous faisons en sorte que les femmes cadres ne soient pas bloquées par le plafond de verre dans leurs entreprises, nous avons des préoccupations de carrièriste, qui ignorent la dure réalité des vies de femmes de milieux défavorisés.

Si nous luttons contre l‘excision, nous serons accusées de néo-colonialisme blanc, si nous défendons le droit des filles à ne pas porter de voile ni d‘accessoires imposés par quelque religion que ce soit, nous sommes islamophobes, voire racistes, si nous dénoncons l‘achat de viol tarifé qu‘est la prostitution nous mettons les personnes prostituées en danger et nous nous rendons quasiment responsables de leur mort.

Si nous nous battons contre la précarisation des travailleuses exploitées, nous sacrifions les travailleurs exploités. Quand une femme mène un combat féministe il doit être suffisament inoffensif pour que les hommes ne se sentent pas menacés, s‘ils se sentent menacés ils l‘invalident.

Quelques hommes qui s‘identifient comme femmes revendiquent le féminisme pour eux et déclarent la parole qu‘ils portent plus légitime que la parole des femmes. Plus grave, ils déclarent qu‘aucune autre voix que la leur n‘est légitime dans le domaine du féminisme.

Or toute la réflexion féministe est basée sur les violations que nous subissons dans nos corps sexués: contrôle de la sexualité, mariages forcés, viols, injonction à la procréation, excisions,... les violences s‘exercent sur nos corps de femmes, parce qu‘ils sont des corps sexués, et nous défendre contre elles, nous isoler des auteurs, nous en protéger et en protéger nos enfants est une nécessité vitale.

Alors oui, c‘est à nos vies qu‘ils s‘en prennent puisque défendre des espaces non-mixte pour la sécurité des femmes n‘est pas validé par ces hommes, ces espaces n‘ont donc pas le droit d‘exister. C‘est de cela que les femmes meurent. Toutes ces violences sont sexistes et patriarcales, elles sont le fait d‘hommes qui considèrent les femmes en général comme inférieures et leurs femmes en particulier comme leur propriété. Nommer les auteurs est aussi une nécessité vitale pour nous.

Or des hommes ont fondé un droit, leur droit, qu‘ils ont décrété plus important que le droit des femmes à leur intégrité physique et psychique: le droit de s‘auto-identifier du sexe que l‘on veut et de dissoudre l‘identité féminine dans la subjectivité: se sentir femme est devenu pour eux plus important que de l‘être biologiquement. Les exclure des espaces réservés aux femmes et du féminisme est selon eux une atteinte au droit essentiel de toute personne de choisir son sexe.

La subjectivité de l‘identité sexuelle empêche non seulement les victimes de violences sexuelles de s‘en protéger mais aussi d‘en nommer les auteurs, d‘analyser ćes violences comme inhérentes aux structures du pouvoir masculin, puisque masculin et féminin sont dissous dans la subjectivité. Soyons claires, cette lutte-là ne met pas les hommes en danger. En faire le coeur et l‘essence même du combat féministe est un immense cadeau au patriarcat.

Aucun homme ne se sent menacé dans son pouvoir patriarcal par des revendications identitaires d‘hommes qui veulent infiltrer le féminisme. Ils sont au contraire tout à fait rassurés, car ce féminisme évite de parler des sujets sur lesquels ils étaient obligés d‘écouter les femmes: on n‘y parle pas de clitoris, de règles, d‘utérus, car tous ces mots sont excluant pour ceux qui n‘en ont pas, on n‘y parle pas de violences conjugales, on n‘y parle que de transphobie et de papiers d‘identité portant la mention M ou F car ce serait une atteinte au libre choix de chacune et chacun à s‘identifier comme il et elle veut.

Aucune surprise, ce féminisme-là est validé par les hommes."

le 27.02.2020 par une autrice féministe radicale

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